Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
8 octobre 2012 1 08 /10 /octobre /2012 20:13

Que ce soit ici

 

170920121404.resized.jpg

 

ou ici

 

031020121448.resized.jpg

 

 

Ca avance.

Rendez-vous bientôt.

Partager cet article
Repost0
29 février 2012 3 29 /02 /février /2012 19:12

DSCF0849.JPG

 

 

 

 

Un bon gros  nounours endormi au soleil, placide, tranquille, qui ne ferait pas de mal à une mouche .... Oui, mais ça c'était 5 minutes à peine avant que la meute au complet, à l'initiative des Chinois qui l'ont repérée les premiers dans une des caves, ne coincent Trico, la chatte tricolore borgne, sauvagisée donc qui fuit devant les chiens et que Love et Gnafron la choppent. Quand je suis arrivée dans la cave, alertée par les cris aigus des Chinois (tant que tu ne les as pas entendus, ces cris-là, tu ne peux même pas imaginer ce que c'est ....) Love la secouait dans le geste de mise à mort des proies. J'ai tiré la chienne par la queue, elle a lâché la chatte tout de suite, je me suis interposé pour empêcher Gnafron de prendre le relais ... La chatte s'est échappée, mais je ne sais pas dans quel état. Ce soir au moment du repas, quand tous les chats sauvages arrivent de l'autre côté du grillage pour manger, elle n'y était pas, mais elle n'y est pas non plus tous les soirs .... Je suis un peu pessimiste sur ce coup-là.

 

Il est temps que je te raconte le sanglier de Brett, dont je te parle depuis longtemps.
C'était en Juillet 2008, j'avais à l'époque les quatre léos, Roxanne, Love, Sasha et Brett ainsi que mes quatre Chinois. Comme tous les jours, avant qu'il ne fasse trop chaud, je pars me promener avec les huit chiens en liberté. Nous sortons de la propriété et nous longeons le torrent, en direction du fond de la vallée. Je suis comme toujours aux aguets car sur cette portion du chemin, il peut encore y avoir une voiture qui passe pour aller chez Jacky, un peu plus loin. Nous dépassons la cascade et soudain, je les vois. Bizarrement, j'ai été la première à les voir : de l'autre côté du ruisseau, une horde de jeunes sangliers n'est pas encore remontée dans la montagne qu'ils regagnent généralement quand le soleil se lève. Le temps que je rassemble les laisses des gros, il était trop tard ! Les Chinois les ont vus aussi et lancent leur fameux cri d'alarme. Les léos, jusque là plutôt amorphes (on était en été), se redressent et d'un coup d'oeil, les repèrent aussi. En un quart de seconde, les 8 chiens se déploient en arc de cercle, traversent le ruisseau et foncent sur la bande de sangliers. Je hurle, mais bien sûr en vain. Une meute en marche pour la chasse est une meute sourde ! Les sangliers sont des jeunes, ils n'ont pas encore vécu de saison de chasse, mais ils comprennent vite : ils détalent en direction de la montagne et commencent à gravir les faïsses en faisant rouler les cailloux. Tous sauf un qui choisit une autre stratégie : se cacher dans les roseaux au dessus de la cascade. Mistake, big mistake, huge (Julia Roberts sors de ce corps, ou plutôt, restes-y !). Tout le monde disparaît dans les roseaux à la suite du sanglier, j'entends bruisser, grogner, crier, aboyer. Je panique complètement à l'idée de mes chinois broyés sous les dents de la bête sauvage. J'ai vu trop de chiens de chasse revenir les tripes à l'air après leur confrontation avec les cochons ! Mais impossible de rien discerner! Les roseaux remuent, l'eau fait des vagues, mais je ne vois rien. Rien. Je n'ose pas traverser le ruisseau à mon tour, j'ai peur, à la fois du sanglier et de ce que je peux trouver derrière ce rideau de roseaux. Alors, je me mets à appeler, appeler, sans cesse, à égrener, l'un après l'autre le nom des 8 chiens. Et petit à petit, les léos reviennent : Roxanne, Sasha, Love. Je les attache. Et je continue à appeler, mon quatrième léo, Brett, qui avait 2 ans à l'époque et les quatre chinois.

A ce moment-là, une voiture arrive sur le chemin. C'est la voiture de Jacky. Je reprends espoir. Il va pouvoir m'aider. Mais dans la voiture, il n'y a que Colette. Elle s'arrête, je lui explique ce qu'il se passe. Dans les roseaux, un cri, desespéré, un cri d'agonie, un cri si aigu, qu'il me rappelle le cri de ralliement des chinois, des chinois qui ne sont toujours pas revenus. Je pâlis. Je lâche dans un souffle à Colette « c'est un de mes chinois ». Elle secoue la tête. Cévenole pure souche, femme de chasseur, propriétaire dans le passé d'un parc à sangliers, elle n'y croit pas, ça ressemble d'après elle plus à un cri de sanglier. Elle me dit que Jacky est à la maison, de l'appeler. Je réussis à joindre Jacky et à bafouiller trois explications. Il pige vite, malgré ma panique et me promets qu'il arrive vite. Colette s'en va. Je continue à tenir mes trois léos et à appeler mes chinois. Et ils finissent par arriver, l'un après l'autre, tous les quatre, mais pas de Brett.

Bientôt Jacky apparaît aussi, la ceinture de chasse bouclée à la taille, un couteau rassurant pendant sur sa hanche. Il traverse le ruisseau, écarte les roseaux, le couteau à la main et disparaît à son tour.
Assez vite, sa voix monte de l'eau : « tu aimes la daube de sanglier ? ».

Brett. Brett ?

 - Et Brett ? 

 - Il va bien, il a le sanglier dans la gueule, il ne veut pas le lâcher. Il l'a tué. Il est mort.

 

La tension retombe. Les chinois, surexcités dansent autour de moi et veulent retourner sur les lieux de la curée. Je n'ai pas de laisse pour eux. J'avertis Jacky que je remonte les chiens à la maison et que je reviens. Je rentre les 7 chiens et hors d'haleine, le coeur battant la chamade, je redescends au bord du ruisseau.

Jacky a réussi à sortir le sanglier de la gueule de Brett. Je crois que Brett ne l'aurait laissé à personne d'autre. Il aimait et respectait Jacky qui le lui rendait bien. Quand en Décembre dernier Jacky et moi avons enterré Brett, je l'ai vu pleurer à gros hoquets, presque plus que moi qui avais épuisé les larmes tout au long de la nuit.

Jacky m' a proposé de s'occuper du sanglier, de le peler et de le congeler chez lui car je n'avais plus de place dans mon congélateur. Brett l'a suivi jusque chez lui. Il a fallu que je le ramène à la maison en le tirant par sa laisse, il ne voulait pas laisser sa proie.

 

200111--98-k--50--.jpg

Lui aussi était un bon gros nounours si gentil ….

Mais un redoutable prédateur quand même.

Quand plus tard, Colette a cuisiné le sanglier, elle m'a dit avoir eu un mal fou à en tirer des morceaux non abîmés, les os étaient broyés à plusieurs endroits. Elle a pu en tirer une daube et surtout plusieurs dizaines de pots de délicieuses rillettes et pâtés.

 

Il faut toujours se méfier du léo qui dort ….

 

 

See you later alligatorcroco_001.gif

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
5 février 2012 7 05 /02 /février /2012 10:15

En direct live du lavabo de ma salle de bains (je sais, je sais, y a du tartre congelé, et pas que du tartre congelé, si tu veux vraiment chipoter !)

DSCF8845--Resolution-de-l-ecran-.JPG

 

Sinon, les tuyaux ont gelé, plus d'eau dans la maison, dommage, c'était mon jour de douche !

 

Le prochain qui vient me chauffer les oreilles (remarque ce serait déjà ça de pris ....) avec le réchauffement de la planète, je lui mets une stalactite là où je pense, et j'en ai une réserve !

See you later alligator croco_001.gif

Partager cet article
Repost0
28 janvier 2012 6 28 /01 /janvier /2012 15:54

A plusieurs reprises, sur ce blog, j'ai évoqué mes pitoyables plantades dans la forêt, "perdue" à cause de passages bouchés par la salsepareille. Je me rends compte, que quand on n'habite pas dans le sud, cela peut paraître largement éxagéré d'accuser une malheureuse plante de barrer un chemin ....

Alors aujourd'hui, je t'ai pris quelques photos de la bête en question, histoire que tu comprennes bien qu'on peut être du midi sans pour autant galéger à outrance.

La salsepareille est une liane. Elle s'accroche donc aux troncs d'arbres et monte jusqu'à trois mètres de hauteur. Jusque là, tu vas me dire, pas grave, t'as qu'à pas trop t'approcher des troncs d'arbres ! Oui, mais, non, attends un peu ! Une fois qu'elle a suffisamment grimpé, elle redescend, en s'emmêlant à la liane montante et ça passerait encore, si au sol, ne poussaient pas d'autres tiges, qui plutôt que d'aller s'emmerder à s'accrocher au tronc, préfèrent s'accorcher à la copine d'à côté, en s'entrechevêtrant bien, sinon, ce serait pas drôle. Là où ça devient grandiose, c'est qu'à partir d'un autre tronc à quelques mètres ou moins de là, tu as le même phénomène qui se produit, et à un moment les lianes d'un tronc rejoignent celles de l'autre tronc, se mélangent et forment une rideau entre deux arbres. Et tu multiplies ça à l'infini.

Ce serait encore supportable, si - j'ai oublié le plus fun - les lianes en question n'étaient pas pourvues de redoutables épines qui s'enfoncent dans la chair et n'en sortent que contre un morceau de ton anatomie qu'elles emportent avec elles quand tu tires ....

Enfin quand tu peux tirer ... parce que les tiges sont extrêmement solides, les enfoirées. J'ai vu des léonbergs empêtrés dans des salsepareilles et qui ne réussissaient pas à en sortir. Il faut couper sinon, Tintin.

Tintin ? Non ! Schtroumpfs, en fait ! C'est rien qu'à cause d'eux qui bouffent les baies même pas comestibles pour nous qu'on s'emmerde autant dans les forêts du midi.

 

Place aux photos qui ne donnent qu'une piètre impression de ce que ça peut être chiant les "saletés pareilles", même si elles se la jouent "mon coeur, mon amour" avec la forme de leurs feuilles.

 

salsepareille

salsepareille (12)


salsepareille (5)

salsepareille (11)

salsepareille (6)

salsepareille (7)

salsepareille (8)

salsepareille (9)

 

Sa race ! Elles commencent leur floraison. Le pire c'est au printemps, quand les tiges neuves sont au mieux de leur forme !

 28janvier2012 (26) [Résolution de l'écran]

 

Quelques fruits rescapés de l'hiver, la pleine saison étant décembre ( je sais pas ce qu'ils bectent le reste de l'année, les Schtroumpfs, ils doivent avoir des congélos planqués quelque part) :

 

DSCF6678 [Résolution de l'écran]


 salsepareille (10)

 

Une liane à l'entrée de la grotte de ma bergerie troglodyte et un tapis de salsepareilles devant la façade :

salsepareille (2)

salsepareille (3)

salsepareille (4)

 

Paradoxalement, les chinois s'accrochent moins que les léos, parce qu'ils passent dessous, mais quand ils s'accrochent, on les entend crier jusqu'en haut du Mont Aigoual !

 

See you later alligatorcroco_001.gif

Partager cet article
Repost0
2 novembre 2011 3 02 /11 /novembre /2011 08:51

Edit de 18h45 : elle est rentrée en début d'après-midi, elle va bien.

 

 

 

 

Je programme cet article : il paraîtra au moment même où Uby sera entrain de se faire stériliser …. Te dire que j'ai pris cette décision le coeur léger serait mentir. Au fond de moi, j'aurais tant aimé avoir une autre portée avec elle, mais à condition de tous les garder car je ne me sens plus capable d'élever pour laisser partir les chiots. Mais bon, ce n'est pas possible, s'pas ? Surtout si elle en refait neuf (je me demande si ce n'est pas un record pour la race qui se contente de 4, 5 maxi chiots par portée). De plus, ses chaleurs étant ce qu'elles sont, je ne veux plus remettre mes mâles en danger et risquer un nouvel accident ….


Donc plus de bébés au Vallon des Infernets (c'est le nom de mon affixe).

 

 

L'élevage est aussi mort que mes rêves.

 

 


J'ai plongé dans les entrailles de mon disque dur pour ressortir quelques photos de la portée 2006, dont j'ai gardé Bobo, Lapin et Baker … Que de souvenirs, que de bonheur cette portée sans soucis, vive et rigolotte, la dernière à être née dans notre maison de Provence si pratique pour avoir des bébés léos ou chinois.

Ils sont nés le samedi soir 16 septembre, nous avions programmé une césarienne pour Uby le lundi suivant, car sincèrement, vu son état, on craignait qu'elle n'explose et surtout qu'elle n'arrive pas à les sortir seule, il y en avait tant et son ventre était si déformé. Mais elle s'en est sortie sans qu'on ait à l'ouvrir. C'était un sacré bazar là-dedans, les cordons des uns emmêlés autour du cou des autres …. Les ciseaux ont chauffé, il n'y avait pas de temps à perdre pour sauver les chiots, mais à part le dernier, un beau mâle nu bleu, tous étaient bien vivants et avec des poids plus qu'honorables pour une portée de neuf.

Du début à la fin des 2 mois, ça a été ma portée Rock&Roll : ils n'arrêtaient pas de bouger, de sauter partout, de s'échapper de la caisse de mise bas, puis de leur enclos. Ils ont été plus épuisants que trois portées de léos, mais qu'est-ce qu'ils étaient craquants ! J'avais décidé de garder la femelle houpette pour continuer l'élevage et un mâle nu pour le plaisir. Et puis il y a eu un désistement sur le tard pour Bobo, donc on l'a gardé aussi.

Il y avait :

Black Magic Woman houpette devenue Petit Lapin

Baker Street (mon Baker tout nu)

Bohemian Rhapsody (mon Bobo, houpette)

Be Bop A Lula devenu Baloo chez ma grande amie Danièle (houpette aux beaux yeux vairons)

Brown Sugar (houpette)

Benny and the Jets (houpette)

Blue Moon, ma princesse nue devenue Biao Ming chez Chantal et Arlette

Bluberry Hill (mâle nu)

 

Allez les « quelques photos » dans un ordre plus ou moins chronologique.

 

Uby une semaine avant la mise bas, impressionnant, non ?

uby 100906 53 ème jour de gestationuby 100906 53 ème jour de gestation (1) (Large)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La naissance :

uby et ses bebes 170906 (1)

DSCN6730

Une semaine :

uby et ses bébés 220906 (12)

uby et ses bébés 220906 (5)

 

3 semaines :

B2B2S UBY 3 SEMAINES

Baker 3 semaines :

baker street 3 semaines (10)

Biao Ming 3 semaines :

blue moon 3 semaines (3)

bobo 3 semaines :

bohemian 3 semaines (7)

Blueberry 3 semaines avec Sasha qui a toujours adoré s'occuper des bébés de l'élevage :

B2B2S UBY 121006 (8)

 

1 mois :

bébésuby 161010 (14) [800x600]

Baker avec Roxanne :

bébésuby 161010 (16)

 

Avec Sasha :

bébés uby joelle sasha 14102006 (Small)


Très tôt les nus ont compris l'intérêt d'une queue de léo :

CHINOIS 251006 (13)

bohemian&bennie 211006

 

Biao Ming qui donne la patte à Brett qui n'avait que 6 mois :

CHINOIS 241006 (23)

 

Sevrage à 1 mois et une semaine, décidé par maman Uby qui leur a apporté des cuisses de poulet sur lesquelles ils se sont jetés :

CHINOIS 241006 (6)

 

De 1 à 2 mois en vrac :

 Mes trois nus avec leurs oreilles tutorées

27nov06 (5)

281006 (2)

BAKER STREET ET BLUE MOON 1 NOV 06

 

Be Bop A lula (Baloo) et son oeil bleu :

benopalula 06 11 06 (2)

 

Princesse Biao Ming :

biao ming 191106 (1)

Toujours Biao Ming sur Roxanne :

biaoming rox 291106

 

Petit Lapin qui s'appelle Petit Lapin car elle ressemblait à un Petit Lapin :

BLACK mAGIC wOMAN 6 11 06 (1)

CHINOIS 061106 (4)

chinois 061206 (1)

chinois 061206 (31)

chinois 061206 (72)

 

Princesse Biao Ming qui défend son donjon !!!

chinois 061206 (76)

chinois 061206 (81)

CHINOIS 241006 (36)

CHINOIS 241006 (54) (Medium)

chiots chinois 7 nov 06 (12)

chiots chinois 7 nov 06 (5)

chiots uby 131106 (19)

 

Avec Puce venue voir ses "petits enfants" :

DSCN7390

DSCN7281

DSCN7398

DSCN7744 (Small)

 

Voilà, ils sont tous partis, Bobo et Lapin gardent Brett, 7 mois,  Baker est hors champ.

DSCN8379 (Medium)

 

 

 

Je vais chercher une serpillère grand format pour éponger mes larmes et je reviens plus tard te donner des nouvelles d'Uby.

 

 

PS : pour les ceuss qui s'interrogeraient sur la présence de nus et de poilus dans une même portée, je renvoie à cet article qui explique tout bien ! (clic)

 

 

See you later alligatorcroco_001.gif

 

Partager cet article
Repost0
18 octobre 2011 2 18 /10 /octobre /2011 09:39

Voilà. Il faut que je m'en débarrasse. Pas du souvenir de cette journée, le souvenir, il est gravé dans ma chair, mais de l'expression de ce souvenir. C'est difficile d'expliquer cette notion. Je fonctionne trop par l'écriture, sur ce blog et bien ailleurs, et du coup, c'est un peu comme si ma vie avait deux faces : le vécu lui-même et de la relation du vécu, que ce soit, principalement, par l' écriture ou par l'oral auprès de personnes choisies. C'est de cette deuxième face qu'il faut que je me débarrasse, en la déposant ici, afin qu'elle cesse de me harceler et que je puisse retrouver un peu de tranquillité, juste avec mon souvenir.
J'ai conscience que l'article sera morbide. Mais après tout, c'est mon blog …. Je n'oblige personne à le lire. Je tâcherai cependant de rester très factuelle pour ne pas sombrer dans le pathos et les lamentations.

 

C'était mon anniversaire. Une date que je n'aime pas particulièrement fêter, surtout cette année. Alors pour penser à autre chose, j'ai demandé à Viviane, dans la matinée, de descendre avec moi pour m'aider à prendre des photos, des chiens avec moi, mais aussi des chiens entrain de jouer, courir après une balle, faire les pitres, et pour cela, il en fallait une derrière l'appareil et une qui lançait la balle. Roxanne est descendue avec nous au jardin, spontanément, sans qu'on le lui demande, le pas actif et sûr, le visage détendu, voire rieur quand elle observait Viviane qui courait avec Gnafron ou qui faisait danser Uby.

ROX AVT

ROX AVT (10)

ROX AVT (11)

ROX AVT (12)

ROX AVT (2)

ROX AVT (3)

ROX AVT (4)

ROX AVT (5)

ROX AVT (6)

ROX AVT (7)

ROX AVT (8)

ROX AVT (9)


On est restés une heure et demie dans le jardin. Le ciel était un peu couvert, il faisait bon mais pas très chaud, et de toutes façons, dans ce petit pré tout en bas, sous les oliviers, près du ruisseau, le soleil sait se faire discret. Vers midi, je traverse le pré pour sortir les juments. Roxanne me suit jusqu'à la grille. Elle a l'habitude de sortir par là et de remonter avec moi par le grand chemin, plutôt que de remonter par les sentiers caillouteux qui passent de faïsse en faïsse jusqu' au mas, là-haut. Je lui dis de m'attendre, elle se couche. Je décide de laisser les juments en liberté dans la propriété, ce qui fait qu'elles sont sur le grand chemin qui monte. Pas grave, nous remonterons tous par les faïsses, car Roxanne est presque aveugle, et alors qu'elle a fait d'innombrables balades avec moi à cheval, maintenant, elle en a peur, car elle les voit mal et se sent moins rapide pour éviter un écart ou un coup de pied. Je retraverse donc tout le pré pour atteindre le sentier au fond qui permet de passer sur la faïsse supérieure. Je me retourne : Roxanne est restée couchée à la grille. Je l'appelle, elle se lève et je vois son train arrière s'affaisser : elle tombe. Sans m'inquiéter, mettant cela sur le dos de fourmis dans les pattes, je l'appelle à nouveau. Elle se lève et fait les cinquante mètres pour me rejoindre. Arrivée vers moi, elle se recouche, avec un peu le même regard que l'autre jour, vif mais déterminé : non, je n'y vais pas. L'inquiétude me gagne. Je me souviens lui avoir dit « Oh non, ne me fais pas ça, ne me fais pas ça... » Viviane m'a regardée, cherchant un sens à ces mots, et j'ai vu qu'elle commençait à comprendre elle aussi. Je demande à Viviane de la garder, je vais aller mettre les juments dans leur champ et chercher le 4X4 qui est là-haut à la maison, pour remonter Roxanne en voiture. Je rentre aussi tous les autres chiens sur les terrasses closes de la maison afin de pouvoir ouvrir le portail et descendre la voiture.

Lorsque je redescends avec le 4X4, je la vois toujours couchée au bout du pré que je traverse une nouvelle fois. J'essaie de l'inciter à se lever, elle ne peut pas. Et son regard a perdu sa vivacité : il est opaque, éteint. Son corps est contracté, dur comme de la pierre. Sa respiration devient un râle laborieux. J'essaie de lui ouvrir la bouche, ses machoires sont contractées sur un bout de langue qui sort. J'insiste pour rentrer la langue et j'en profite pour regarder les gencives : bien pâles, le peu de coloration mettant bien du temps à revenir après avoir appliqué un point de pression. Le coeur n'envoie plus assez de sang. Elle vient probablement d'avoir un accident cardiaque. Elle va mourir.

Viviane a compris.

Nous nous asseyons par terre à ses côtés, et la longue attente commence, l'attente du dernier souffle qui la libèrera. La veille, je l'avais déjà prise dans mes bras, à cet endroit même, et je lui avais annoncé que je ne la ferais pas opérer et que je l'autorisais à partir quand elle voulait. Je lui avais parlé de tous ses enfants qui l'attendaient : Tiffany, Ufo, Ulk, Appoléon, Tootsie …. Je lui avais dit que Sasha devait s'ennuyer. Je lui avais promis, que dans finalement pas si longtemps, je la rejoindrais aussi et que dans l'intervalle, pas un jour ne passerait sans que je ne pense à elle. Je n'y croyais pas trop à tout ça, pas du tout même, ça me fait toujours un peu sourire ces niaiseries sur le « pont de l'arc en ciel » mais je ne savais pas quoi lui dire d'autre, à par que je l'aimais très fort. Alors, je le lui ai redit, et redit encore.

Une heure est passée et elle râlait toujours. Peut-être souhaitait-elle que le reste de la meute soit auprès d'elle. Alors, j'ai profité que Viviane soit montée pour aller manger un morceau et je lui ai demandé de libérer les chiens. Ils sont arrivés en trombe, énervés. Ils l'ont sentie, et se sont installés près d'elle. J'ai pris ces photos, avec l'appareil qui était resté dans le jardin, elles ne sont évidemment pas posées.

 

rox aps

rox aps (4)

 

Elle ne se décidait toujours pas à partir, alors a commencé la longue série de coups de téléphone pour trouver un véto qui voudrait bien se déplacer. Je ne voulais pas, ne pouvais pas envisager de la charger dans une voiture, lui faire subir un voyage, et la faire piquer loin de chez elle. Elle mourrait à la maison, c'était le dernier cadeau que je lui ferais, un cadeau que je me ferais à moi-même ….

Sauf que.

J'ai commencé par mon véto : il était de garde, mais entrain de recoudre une série de chiens de chasse et ne pouvait se déplacer. Je ne peux parler qu'à son assistante qui m'indique un collègue qui se déplace plus facilement.

Je l'appelle. Il était aussi seul de garde sur son secteur, avec la chasse, il ne pouvait se permettre de quitter sa clinique. Il m'explique gentiment comment transporter dans une couverture un chien de plus de soixante kilos pour le lui emmener. Comme si je ne le savais pas ...

Et Roxanne râlait mais ne mourrait pas.

Ma promesse, à elle, à moi-même faiblissait.

Viviane a soudain une idée : pourquoi ne pas appeler le véto équin. Mais oui. Je le joins sur son portable, il est sur une urgence près de Montpellier. Il me rappellera à son retour à la clinique pour voir si il pourra venir, mais il en doute.

Une heure plus tard, il rappelle : il vient de rentrer à la clinique, mais il y a un chien (de chasse bien sûr) éventré qui a besoin de chirurgie. Il ne peut pas venir.

Désespérée, j'appelle Jacky pour qu'il vienne nous aider à transporter Roxanne dans la voiture et mon véto pour lui annoncer notre arrivée. Cette fois-ci, je tombe sur lui, pas sur l'assistante. Je le supplie, lui dis mon désespoir de devoir lui infliger ce dernier supplice d'un voyage en voiture loin de chez elle pour aller chercher la mort, lui rappelle l'importance pour ma meute de pouvoir voir leur chef de meute historique, leur mère, en ce qui concerne Love, morte. Il hésite et finit par me dire que si à17h30 il n'a plus d'arrivées à la clinique, il viendra.

Je rappelle Jacky pour lui dire que finalement, je n'ai pas besoin de lui. C'est alors qu'il me propose de creuser une tombe quelque part sur la propriété pour Roxanne. Il fait des travaux chez lui en ce moment et a une mini-pelle à sa disposition. Nous choisissons un endroit suffisamment loin du pré où nous sommes, pour que je n'aie pas à voir l'engin au travail, alors que la chienne est toujours vivante. J'ai en tête ces scènes de romans ou de films où des tortionnaires demandent à leurs victimes de creuser leur propre tombe, avant de les abattre. Nous ne voyons rien, mais nous entendons les crissements de la pelle sur le rocher ….

L'attente se poursuit. A un moment, nous sommes submergés d'espoir et de doute. Elle se lève, nous regarde, comme si elle se demandait où elle était, qui elle était, qui nous étions. Et s'écroule à nouveau. Nous restons à ses côtés, Viviane et moi, Viviane ou moi. Elle a pris un peu de temps pour monter travailler, j'ai pris un quart d'heure pour me rafraîchir, me changer, boire un peu. Boire …. goutte par goutte, on a essayé de la réhydrater, mais elle gardait ses mâchoires trop serrées pour que ce soit vraiment efficace. Parfois, elle repoussait ma main qui caressait sa patte et repliant sa patte sous elle. Alors, je me suis dit que ce contact l'empêchait peut-être de partir, la raccrochant inutilement à ce monde. J'ai fait mes caresses plus légères, plus intermittentes, je me suis levée parfois, puis recouchée sur la couverture où nous l'avions fait rouler en fin d'après-midi, en foetus, contre elle, tout contre elle, mais sans la toucher. Viviane, à mon insu, a pris ces photos que je n'ai découvertes que le lendemain dans l'appareil.

J'ai hésité à les publier .... mais elles ne sont pas que morbides, elles sont aussi l'expression d'une communion intense, si intense ...

rox aps (9)

rox aps (6)

rox aps (7)

rox aps (2)

rox aps (5)

 

17h55. Elle relève la tête, pour la première fois depuis longtemps. Je lui parle, l'embrasse, la caresse, la serre contre moi. Et quelques secondes plus tard, nous entendons la voiture du vétérinaire. Il y a eu des voitures de chasseurs qui sont passées toute la journée, elle n'a pas une fois réagi à leur passage. Elle s'est relevée quand elle a entendu celle du vétérinaire. Sixième sens ? Oui, j'en suis sûre.

 

Le vétérinaire est entré dans le champ. Roxanne a essayé de se relever. Il l'a auscultée, a confirmé la probabilité d'un accident cardiaque. J'ai hoché la tête. OK, on y va. Gnafron s'est assis derrière elle. Brett s'est couché sur elle, ses deux pattes avant sur ses deux pattes arrière à elle. Les chinois couraient partout autour de nous. Quant à Love, elle s'est éloignée, au plus loin qu'elle le pouvait, près de la grille. Insupportable pour elle de rester près de sa mère en ce moment ? Ce serait sûrement de l'anthropomorphisme de le penser …. Ou alors, il fallait bien, alors que tout le monde était occupé auprès de sa mère, qu'il reste quelqu'un qui monte la garde. Probablement un mélange des deux.

 

J'avais espéré qu'elle soit aussi inconsciente qu'elle l'a été toute la journée au moment de la piqûre, mais non, elle avait relevé sa tête et j'ai même senti une légère résistance de sa part. Peut-être tout simplement un réflexe aux odeurs canines étrangères que le véto apportait avec lui. Peut-être. Ou pas.

 

J'ai pris sa tête sur mes genoux, Viviane s'est assise derrière elle et lui caressait le dos. J'ai saisi la main de Viviane dans la mienne et je l'ai serrée très fort.

 

Il a bien fallu gérer la suite. J'ai raccompagné le vétérinaire et appelé Jacky pour qu'il vienne, avec Momo, un ami. J'ai remercié le vétérinaire, je lui ai dit que c'était mon anniversaire, et qu'en venant à la maison, il m'avait fait le plus beau cadeau qu'on puisse me faire. Puis je suis entrée dans le garage à foin, dans l'esprit de nourrir les juments, afin qu'elles ne s'excitent pas trop au moment de l'ensevelissement, tout près de leur paddock, et là seule, loin de tous, j'ai hurlé, hurlé comme un loup, ma peine, mon désespoir, ma douleur.

 

J'ai dû remonter les chiens pour laisser Momo et Jacky travailler. Quand je suis redescendue, ils avaient traîné le corps sur la centaine de mètres entre le pré, là où elle est morte, et la tombe. Aujourd'hui encore, plus que la terre fraîchement retournée, ce qui me fait mal, quand je suis dans les parages, c'est ces traces sur le sol, ces traces de ce corps qu'on a traîné. Ma mémère … Tu étais trop lourde pour qu'on te porte et de toutes façons, tu ne sentais plus rien …. mais quand même, on t'a traînée comme … comme …. Il pleuvra bientôt, les traces disparaîtront.

 

De loin, j'ai regardé quand ils l'ont déposé au fond du très profond trou, et ébêtée, secouée par les sanglots, j'ai suivi le travail de la pelle qui recouvrait le corps de la chienne de ma vie. La chienne qui est morte le jour où je suis née. Ce jour-là, je suis un peu morte avec elle. Mais ce jour-là, elle est entrée éternellement en moi.

 

Nous sommes liées elle et moi, à la vie, à la mort.

 

En novembre, sur cette bande de terre, on plantera un mimosa, on n'en a pas sur la propriété. On le prendra grand, avec un peu de chance il fleurira au printemps.

 

*********************

 

Avec Laurent, depuis plusieurs mois déjà, rien n'allait plus : de conflit en conflit, d'agressions verbales en répliques, nous étions au bord de la rupture, il avait d'ailleurs choisi de ne pas venir ce week end.

Le soir, dans mon lit, abrutie de fatigue mais incapable de dormir, j'ai entendu mon téléphone sonner. Un SMS.

 

« Je suis vraiment triste, et surtout triste pour toi. Je suis désolé de pas avoir été là aussi. Bonne nuit. Je t'aime. »

 

J'ai pleuré encore. Mais ce n'était pas pareil.

 

Merci Roxanne. Merci ma toutoune d'amour, mon gros boudin tout pourri, ma mémère, ma râleuse.

Merci ma chienne.

 

 

 

Partager cet article
Repost0
10 octobre 2011 1 10 /10 /octobre /2011 14:13

Les fidèles de ce blog savent qu'il y a une promenade que je privilégie avec les chiens et les quelques chats qui décident de nous suivre, c'est LE TOUR (clic)  qui nous permet de nous promener dans la montagne pendant une petite heure, sans quitter la propriété. 
Or, ce tour, je ne l'ai pas fait en entier depuis bien longtemps, alors que c'était pourtant une balade quasi quotidienne : d'abord, en Avril, il y a eu l'opération de Roxanne qui a eu tant de mal à cicatriser, puis l'arrivée de Gnafron, trop petit pour cette promenade assez sportive, ensuite ma  santé qui ne me permettait plus de marcher, tout cela suivi de l'accident de Brett et de ma propre opération et hospitalisation ....

Pourtant l'appel de la forêt se faisait trop présent, presque urgent. Roxanne ne sera pas parmi nous bien longtemps encore (j'ai une lourde décision à prendre la concernant et pour l'instant, je n'arrive pas à savoir que faire ....), et j'ai une impérieuse envie de les voir tous les huit, là-haut, pour une première - dans cette configuration-là - et probable dernière fois.

 

Ce matin j'ai donc décidé de tenter l'ascension, en prenant toutes les précautions de lenteur et d'accompagnement pour la convalescence de Brett, la jeunesse de Gnafron et la grande vieillesse de Roxanne. Bidule le chat nous emboîte le pas.

 

Première déconvenue : la pause que nous faisons dans le ruisseau pour que les chiens se baignent, se trempent et ainsi supportent mieux l'effort à venir  ! Les vasques sont à sec, c'est la première fois que je les vois ainsi depuis que j'habite ici. Du coup, les chiens ont bu mais n'ont pas pu se rafraîchir.

Nous commençons à monter, nous arrêtant toutes les deux ou trois minutes pour permettre à Brett et à Roxanne de se reposer. Les Chinois sont à fond, ravis de retrouver leur forêt et leurs sangliers, Gnafron grimpe partout comme un vrai montagnard, Love suit en tortillant du cul .... tout va bien. Jusqu'à ce qu'à un moment, je me retourne pour encourager Roxanne et je ne la vois pas. Je reviens sur mes pas, elle est couchée à l'ombre d'un arbre, au bord du chemin, l'oeil vif mais déterminé, l'air de dire : "si toi, tu veux y aller, vas-y, mais moi, je m'arrête là !"

Nous n'avions fait qu'un dixième du parcours. On s'est reposé longuement, et on est redescendu.

Il est peu probable que je puisse avoir ensemble mes 8 loulous, là haut, contre la falaise, au pied de la charbonnière en ruine, là où nous faisons notre pause, nos regards épiant la vie de la vallée, tout en bas .... Je n'arrive pas à l'accepter, mais il faut que je me rende à l'évidence : Roxanne est trop vieille, et malgré sa bonne forme (outre le cancer qui lui bouffe les mammelles), cette balade est trop lourde pour elle. D'autant, que l'été est revenu, nous sommes partis trop tard dans la matinée et le soleil cognait déjà très très fort. 

 

 

 

Nous n'irons plus au bois, Roxanne et moi ... 

 

tentative de tour 10oct2011 (94)

 

 

Roxanne et Gnafron dans la vasque à sec :

tentative de tour 10oct2011 (9)

 

tentative de tour 10oct2011 (55)

 

 

Love et Brett :

tentative de tour 10oct2011 (101)

 

tentative de tour 10oct2011 (19)

 

Les trois dignes arrière petits enfants de Papyrus :

tentative de tour 10oct2011 (4)

 

tentative de tour 10oct2011 (45)

 

tentative de tour 10oct2011 (41)

 

Roxanne qui dit NON !

tentative de tour 10oct2011 (51)

 

Gnafron :

 

tentative de tour 10oct2011 (79)

 

Brett et Bobo :

tentative de tour 10oct2011 (77)

 

 

Brett et Baker :

tentative de tour 10oct2011 (28)

 

Roxanne et son cercle de protection :

tentative de tour 10oct2011 (69)

 

Roxanne et Bobo :

tentative de tour 10oct2011 (81)

 

Mère et fille, Love à gauche, Rox à droite :

tentative de tour 10oct2011 (84)

 

 

Bidule :

tentative de tour 10oct2011 (44)

 

Gnafron et Bobo :

tentative de tour 10oct2011 (34)

 

 

Roxanne :

tentative de tour 10oct2011 (33)

 

Gnafron :

tentative de tour 10oct2011 (38)

 

tentative de tour 10oct2011 (2)

 

 

Roxanne devant, Love et Brett derrière :

tentative de tour 10oct2011 (48)

 

Gnafron et Bidule :

tentative de tour 10oct2011 (106)

 

tentative de tour 10oct2011 (49)

 

 

Et ne t'inquiète pas : pas de Uby sur les photos, car elle nous a lâchés dès la première pause et est partie faire le tour toute seule !!!!!!!!!!  Nous l'avons retrouvée au retour à la maison, très fière d'elle ! Elle devrait mettre bas d'ici une semaine. VIRTUELLEMENT. J'espère ....

See you later alligator croco_001.gif

Partager cet article
Repost0
17 février 2011 4 17 /02 /février /2011 19:12

 

Les pierres, le climat, les hommes, la vie sont durs dans les Cévennes.

  

La peste, le gel, la guerre sont passés par là, mais les hommes et les pierres sont restés. Sont restées aussi les quelques pièces d'or que la soie et les légumes, le charbon parfois, permettaient de mettre de côté. Mais ces pièces disparaissaient très vite sous quelque pierre : la richesse, chez les protestants, ne se montre pas, elle se sait, mais elle se cache.

Dans le ruisseau de R...euil, une autre famille réussit à survivre à travers ces temps plus souvent troublés que clairs : ce sont les V. Leur mas est de l'autre côté du ruisseau, leurs terres montent très haut derrière jusqu'au sommet de ces montagnes où, guère plus loin, se niche le hameau des P...chs. Dans ces montagnes, les grottes, dont celle de Trabuc, minent le sous-sol : les camisards n'avaient qu'à grimper à travers le maquis pour rejoindre les grottes et s'y cacher. Plus tard, le papet V., toujours en vie aujourd'hui, mais alors encore un jeune homme allait aussi s'y réfugier pour échapper aux Allemands, en empruntant chaque fois un chemin différent pour ne pas coucher les buis et les salsepareilles et ainsi révéler leur emplacement.

 

LA GROTTE DE v (2)

 

 

 

  LA GROTTE DE v

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

    

 

 

  (entrée de la grotte du Papet V  )                                                    ( vue de l'intérieur de l'intérieur de la grotte)

 

 

Mais les pièces d'or, ce n'est pas dans les grottes qu'on les dissimulait. Si un homme pouvait échapper aux pluies et aux coulées de boue, une cassette ou une bourse aurait été vite emportée ! On leur préférait l'abri d'une pierre, et de préférence à distance de l'habitation. Or, la plupart des mas possédait des bergeries dans la montagne où les vieux murs de pierres accueillaient les bêtes et leur gardien. C'est là que les pièces et les bijoux étaient mis à l'abri. Dans la montagne, les V. en possèdent deux : une très grande, de toute beauté, et quelques centaines de mètres plus loin, une plus petite aux murs impressionnants. La tradition ovine et caprine est en effet très ancrée chez eux : leur troupeau de chèvres paissait encore dans le ruisseau il y a moins de trente ans.

 

 

La grande bergerie des V :

 

1ère bergerie des V

 1ère bergerie des V (2)

 

 

  

 

1ère bergerie des V (3)

 1ère bergerie des V (4)1ère bergerie des V (5)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 La deuxième bergerie des V, plus petite, mais avec des murs d'une épaisseur extraordinaire :

 

2ème bergerie V (2)

 

2ème bergerie V (4)

2ème bergerie V (3)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2ème bergerie V

 

 

 

Il se dit que dans une bergerie entre le hameau des P..chs et le village, gît un trésor du temps des Camisards encore jamais exhumé. Des bergeries entre ces deux lieux, il n'y en a pas tant que ça : il y a les deux grandes bergeries en ruine des V …. et il y a cette bergerie troglodyte, en partie creusée dans la roche donc, nichée tout près d'un torrent capricieux, au pied d'une petite magnanerie qui fut un temps un relais de chasse.

 

 

250307 (2)

 250307 (3)

 250307 (4)

                                        (la voute entre la partie troglodyte et la construction de pierres)

 

 

chapitre 2 (4)

 MA BERGERIEMA BERGERIE (2)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

MA BERGERIE (4)

 

 

 

 

 

                               Cette bergerie, aujourd'hui, c'est la mienne …..

 

 

 

 

C'est à ses pierres que j'ai confié les cendres de mon père avant de trouver le courage de les rendre au fleuve.

 

le trésor

 mas et bergeries V

                                                 (Le mas des V et la montagne aux bergeries derrière vu de chez moi)

 

 

 

See you later alligatorcroco_001.gif

Partager cet article
Repost0
30 janvier 2011 7 30 /01 /janvier /2011 13:13

 DSCF0228--800x600-.jpg

 

 

Les années s'écoulent au P**jau, rythmées par les humeurs de la cascade en contrebas, berceuse les soirs d'été où l'eau se fait rare, cataracte rugissante au printemps et en automne quand le ciel ou les neiges du Mont Lozère ou de l'Aigoual, de rivière en rivière, de ru en ru, de torrent en torrent, viennent s'y déverser.

 

Le siècle touche à sa fin. Venant du Nord, couvrant déjà les mont d'Ardèche, de sombres nuages qui ne donneront pas la pluie mais répandront le feu, s'amoncellent.

 

Là-haut, à Paris, un nouveau roi qui se prend pour le soleil qu'il connaît pourtant si mal, cherchant à s'attirer les faveurs de Rome et de la majorité de ses sujets, déclare la Religion des Réformés comme illégale. Fin stratège, il prend soin de s'informer sur le nombre des hérétiques demeurant encore dans son royaume; malheureusement, les Cévennes, le Dauphiné sont bien loin et bien discrets ! Les envoyés du roi remontent à Paris avec un rapport bien optimiste ! Sire, les Huguenots sont morts ! Louis XIV s'empresse de révoquer l'Edit de tolérance de son grand-père qui pourtant à sa manière avait aussi trahi la religion. Dans les marais de Camargue, on prépare les geôles de la Tour qui porte le nom d'une femme et qui en recevra tant entre ses murs épais, dans les ports d'où partirent tant de croisés portant haut l'étendard du Saint Roi, les galères attendent ces hommes dont les muscles habitués à monter les murs de pierre sauront propulser sur les flots les navires royaux.

 

Le fils cadet rapporte une autre sorte de gibier au mas. Un dimanche, au culte tenu au grand jour, un de ceux qui vivent leurs derniers instants, ses yeux croisent le regard d'une très jeune fille. Son sang de chasseur d'âge mur s'enflamme. Les familles s'entendent car malgré la différence d'âge, la famille S..ier n'est pas sans bien, les terres du ruisseau ont bien prospéré en un demi-siècle. Le mariage est célébré dans le désert, dans une clairière, au dessus du mas Soub**ran, un soir de pleine lune, sous le couvert des chênes verts et des buis, protégée par un enchevêtrement de salsepareilles et de ronces. Car déjà, le culte protestant est prohibé et les parpaillots doivent se cacher pour célébrer leur Dieu.

 

Le relais de chasse devient un foyer où naîtront et mourront des enfants. Trop éloigné du hameau familial, peu accessible car aucun chemin à l'époque n'y montait, il devenait peu pratique de compter sur les facilités de la Grande Maison, comme on appelait la maison du grand-père pour assurer la nourriture quotidienne. Alors, on commença par ériger, encore et toujours des murs, à transporter, encore et toujours, la terre pour créer les terrasses, à aménager des escaliers en bout de faïsse pour faciliter l'accès. Puis on construisit une petite clède, afin d'y sècher les châtaignes que l'on descendaient de la cime de la montagne. On aménagea des bassins pour conserver l'eau de la source et du D..el petit torrent qui se jette dans le ruisseau du bas. On bâtit un four pour y cuire le pain. On acheta chèvres et moutons et on monta, avec les pierres tirées de la terre, une bergerie que l'on creusa en partie dans la roche, légèrement en hauteur sur les berges du D...el qui jamais, même en été, n'est complètement à sec. Totalement dissimulée aux regards, elle servirait aussi de cache si les émissaires de ce roi si peu lumineux finalement venaient s'en prendre aux habitants du P**jau ou à leurs biens.

A la fin du XVII ème siècle, le relais de chasse est devenu une petite ferme abritant des hommes et des femmes rudes, discrets, peu enclins aux échanges, retranchés sur leur terre, n'en sortant que pour se rendre au Désert et assister au culte secret, priant un Dieu que jamais ils ne renièrent, qu'un jour s'arrêtent les persécutions.

Mais la nuit, les hommes vêtus de cette chemise paysanne de toile brute que la langue d'Oc désigne sous le terme de Camisa, sortaient par les sentes et les drailles, ombres furtives se faufilant sous la bartasse, empruntant les passages des sangliers. Au petit matin, les cendres d'une église, le corps d'un dragon du roi …

 

Parce que parfois, la prière ne suffit pas.

 

Plus tard, remontés au mas, les Camisards du P**jau guettent au sud la vallée. S'il faut se cacher, ce ne sera pas difficile. Le maquis ne se laisse pas facilement pénétrer. Trois siècles plus tard, la nouvelle propriétaire des lieux ne s'est-elle pas longuement et dangereusement perdue dans ce maquis inextricable alors qu'elle explorait son territoire qui au fur et à mesure qu'elle avançait se refermait perfidement sur elle ? Le maquis cévenol, il s'apprivoise … Les Dragons du petit Roi ne savaient pas lui parler.

 

Au Sud est, au levant, au bout du ruisseau de R...euil, là où il va gonfler les eaux du Gardon, les Dragons du Roi hésitent. Leurs chevaux piaffent et renâclent. Au bout de l'étranglement de la petite vallée, perchés sur une terrasse haute de la montagne, tout près de la châtaigneraie nourricière, les camisards du P...jau veillent …. Le XVIIIème siècle et ses promesses peuvent venir.

 

DSCF0390--Resolution-de-l-ecran-.JPG

 

A suivre

 

 

chapitre 2 (6) 

chapitre 2

 

la petite clède (plus tard, plus loin,on en construira une deuxième plus grande), escaliers pour passer d'une faïsse à l'autre 

 

 

 

chapitre 2 (7)

un des sept bassins de la propriété, un par faïsse, le bassin supérieur déversant son trop plein dans celui de la faïsse inférieure

 

chapitre 2 (5)

                                                                                          le four à pain

 

 

chapitre 2 (4)

chapitre 2 (3)

 

                                                              le D..el, le torrent de la bergerie et la bergerie troglodyte

 

 

chapitre 2 (2)

                                                                        les murs en contrebas du mas

 

chapitre 2 (8)

chapitre-2--9--copie-1.JPG

les faïsses en dessous du mas : aujourd'hui, les escaliers ont été doublés par des "rampes" en pente douce pour passer de l'une à l'autre.

 

 

 

 

See you later alligatorcroco_001.gif

Partager cet article
Repost0
29 janvier 2011 6 29 /01 /janvier /2011 19:13

 

1630.

Dans le calme et le retrait d'une petite vallée cévenole, celle du ruisseau de R**feuil, dans le creux d'un vallat qui se déverse dans le ruisseau, sur une faïsse comblée au fil des siècles par la terre du Gardon, portée à dos d'homme depuis ses berges à deux lieues de là, une petite maison étroite, à peine plus qu'une cabane, s'élève vers le ciel où elle va chercher le soleil qui tarde à venir les matins d'hiver, la montagne au levant est si haute. Lorsque l'on vient du village, pour rallier la petite maison, il faut traverser le ruisseau, mais l'eau ne monte guère plus haut que les mollets devant le mas, sauf quand le ciel se met en colère : là, il faut attendre que ses eaux brutalement mauvaises et perfides daignent redescendre. Or dans les Cévennes, les eaux, comme les caractères, redescendent aussi vite qu'elles sont montées. Alors, en ces temps troublés, même sans pont, quand on est protestant, on se sent en sécurité derrière ce ruisseau capricieux. Certes, 30 ans plus tôt, le bon roi Henri a signé l'Édit de Nantes, mais ils le savent bien, ces parpaillots, que ce qui est écrit sur le parchemin que peu savent lire, n'est qu'un nuage de fumée pour estourdir les esprits. Dans la réalité, il ne fait pas bon être protestant dans ce royaume de France, où la révocation mettra perfidement un siècle, réforme après réforme, pour se montrer au grand jour.

 

 

Mais en 1630, les temps sont plus calmes qu'ils ne l'ont été et qu'ils le seront bientôt. Autour de la modeste ferme, les terres sont vastes mais pauvres. Le ruisseau, les sources cependant, permettent de les faire prospérer, dans la montagne les grottes secrètes, le maquis serré offriront un refuge si à nouveau le tonnerre venait à s'abattre sur les Cévennes, alors, c'est sans se poser trop de questions que le jeune S**ier, après avoir pris femme, s'installe modestement dans la petite maison familiale.

 

De nouveaux sacs de terre du Gardon seront apportés, les murs, pour certains montés sous la préhistoire, seront entretenus, agrandis, pour créer de nouvelles faïsses arrachées à la montagne aussi rebelle que ses habitants, où pousseront légumes et pois chiches. L'hiver, les tâcherons inoccupés descendus du Mont Lozère viendront porter main forte à la famille dans la construction herculéenne de ces murs jusqu'au col, avec leur réseau d'escaliers en pierre en bout de faïsse pour que les femmes puissent à leur tour grimper sur les terrasses supérieures et ramener leur pauvre récolte. Là-haut, au dessus des chênes verts, de chaque côté du ruisseau, les châtaigneraies fournissent de toutes façons de quoi survivre quand le gel, les orages viennent contrarier le travail du paysan.

 

De cet union naquirent trois fils.

 

Arrivés à l'âge adulte, les terres avaient été suffisamment mises en valeur pour fournir à tous le vivre quotidien. Aucun, donc, ne prend la décision de quitter le mas pour s'établir ailleurs, lorsqu'à leur tour ils prennent femme. L'espace en revanche se fait rare. Mais ni les terres, ni les pierres ne manquent : le fils aîné construit sa propre maison à côté de celle de ses parents, donnant l'exemple à son puîné qui à son tour érige un mas plus modeste dans le prolongement de ceux de son frère et de ses parents.

La famille continue à travailler de concert, accumulant un début de richesses, augmentant le patrimoine foncier.

Le frère cadet mène une vie plus confortable que ses aînés ! Forcément, le gros du travail a été fait. La famille peut même se permettre d'embaucher des journaliers, offrant par là même au cadet ce qu'aujourd'hui nous appellerions des loisirs. Que faire dans ces montagnes rudes éloignées de tout centre urbain où le jeune homme pourrait trouver de quoi s'occuper ? Les chevreuils, les sangliers pullulent dans ces montagnes et ni le loup, ni le renard ne suffit à en réduire le nombre grandissant. Le fils cadet devient chasseur, autant par plaisir que par nécessité. Mais le gibier évite le jour les alentours des trois maisons où bruissent les échos de la vie humaine.

Le fils cadet décide alors de construire un relais de chasse à l'écart du hameau familial, plus haut dans la montagne, de l'autre côté du ruisseau. De là, dans l'antre des sangliers et des chevreuils, il garde un œil sur le mas familial d'un côté et sur la sente qui vient du Gardon de l'autre. Les dragons et les missionnaires du roi peuvent venir : on les verra bien à temps et l'on aura le temps de cacher hommes et biens.

Cette maison, sise à flanc de montagne, contrairement à toutes les autres qui s'alignent sur le même plan que le ruisseau, cinquante mètres plus bas, les gens du pays vont l'appeler « le mas du plan moyen ».

Sauf qu'à l'époque, on parlait occitan. La maison s'appelle donc le « P**jau », plan moyen en langue d'oc.

 

 

C'est ma maison aujourd'hui.

 

 

 

à suivre

 

 

 

legende-1.jpg

 

                                   (vue satellite du hameau S**ier avec les 3 premières maisons et du P**jau n°4 en face)

 

 

3-maisons.jpg

            (les trois premières maisons)

 

trois-maisons.JPG

 

                      (le hameau S**ier vu au zoom de ma terrasse)

 

 

image8F0007--R-solution-de-l--cran--copie-3.jpg

 

                      (le P**jau vu au zoom depuis le hameau)

 

 

See you later alligatorcroco_001.gif

Partager cet article
Repost0

Pages