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29 février 2012 3 29 /02 /février /2012 19:12

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Un bon gros  nounours endormi au soleil, placide, tranquille, qui ne ferait pas de mal à une mouche .... Oui, mais ça c'était 5 minutes à peine avant que la meute au complet, à l'initiative des Chinois qui l'ont repérée les premiers dans une des caves, ne coincent Trico, la chatte tricolore borgne, sauvagisée donc qui fuit devant les chiens et que Love et Gnafron la choppent. Quand je suis arrivée dans la cave, alertée par les cris aigus des Chinois (tant que tu ne les as pas entendus, ces cris-là, tu ne peux même pas imaginer ce que c'est ....) Love la secouait dans le geste de mise à mort des proies. J'ai tiré la chienne par la queue, elle a lâché la chatte tout de suite, je me suis interposé pour empêcher Gnafron de prendre le relais ... La chatte s'est échappée, mais je ne sais pas dans quel état. Ce soir au moment du repas, quand tous les chats sauvages arrivent de l'autre côté du grillage pour manger, elle n'y était pas, mais elle n'y est pas non plus tous les soirs .... Je suis un peu pessimiste sur ce coup-là.

 

Il est temps que je te raconte le sanglier de Brett, dont je te parle depuis longtemps.
C'était en Juillet 2008, j'avais à l'époque les quatre léos, Roxanne, Love, Sasha et Brett ainsi que mes quatre Chinois. Comme tous les jours, avant qu'il ne fasse trop chaud, je pars me promener avec les huit chiens en liberté. Nous sortons de la propriété et nous longeons le torrent, en direction du fond de la vallée. Je suis comme toujours aux aguets car sur cette portion du chemin, il peut encore y avoir une voiture qui passe pour aller chez Jacky, un peu plus loin. Nous dépassons la cascade et soudain, je les vois. Bizarrement, j'ai été la première à les voir : de l'autre côté du ruisseau, une horde de jeunes sangliers n'est pas encore remontée dans la montagne qu'ils regagnent généralement quand le soleil se lève. Le temps que je rassemble les laisses des gros, il était trop tard ! Les Chinois les ont vus aussi et lancent leur fameux cri d'alarme. Les léos, jusque là plutôt amorphes (on était en été), se redressent et d'un coup d'oeil, les repèrent aussi. En un quart de seconde, les 8 chiens se déploient en arc de cercle, traversent le ruisseau et foncent sur la bande de sangliers. Je hurle, mais bien sûr en vain. Une meute en marche pour la chasse est une meute sourde ! Les sangliers sont des jeunes, ils n'ont pas encore vécu de saison de chasse, mais ils comprennent vite : ils détalent en direction de la montagne et commencent à gravir les faïsses en faisant rouler les cailloux. Tous sauf un qui choisit une autre stratégie : se cacher dans les roseaux au dessus de la cascade. Mistake, big mistake, huge (Julia Roberts sors de ce corps, ou plutôt, restes-y !). Tout le monde disparaît dans les roseaux à la suite du sanglier, j'entends bruisser, grogner, crier, aboyer. Je panique complètement à l'idée de mes chinois broyés sous les dents de la bête sauvage. J'ai vu trop de chiens de chasse revenir les tripes à l'air après leur confrontation avec les cochons ! Mais impossible de rien discerner! Les roseaux remuent, l'eau fait des vagues, mais je ne vois rien. Rien. Je n'ose pas traverser le ruisseau à mon tour, j'ai peur, à la fois du sanglier et de ce que je peux trouver derrière ce rideau de roseaux. Alors, je me mets à appeler, appeler, sans cesse, à égrener, l'un après l'autre le nom des 8 chiens. Et petit à petit, les léos reviennent : Roxanne, Sasha, Love. Je les attache. Et je continue à appeler, mon quatrième léo, Brett, qui avait 2 ans à l'époque et les quatre chinois.

A ce moment-là, une voiture arrive sur le chemin. C'est la voiture de Jacky. Je reprends espoir. Il va pouvoir m'aider. Mais dans la voiture, il n'y a que Colette. Elle s'arrête, je lui explique ce qu'il se passe. Dans les roseaux, un cri, desespéré, un cri d'agonie, un cri si aigu, qu'il me rappelle le cri de ralliement des chinois, des chinois qui ne sont toujours pas revenus. Je pâlis. Je lâche dans un souffle à Colette « c'est un de mes chinois ». Elle secoue la tête. Cévenole pure souche, femme de chasseur, propriétaire dans le passé d'un parc à sangliers, elle n'y croit pas, ça ressemble d'après elle plus à un cri de sanglier. Elle me dit que Jacky est à la maison, de l'appeler. Je réussis à joindre Jacky et à bafouiller trois explications. Il pige vite, malgré ma panique et me promets qu'il arrive vite. Colette s'en va. Je continue à tenir mes trois léos et à appeler mes chinois. Et ils finissent par arriver, l'un après l'autre, tous les quatre, mais pas de Brett.

Bientôt Jacky apparaît aussi, la ceinture de chasse bouclée à la taille, un couteau rassurant pendant sur sa hanche. Il traverse le ruisseau, écarte les roseaux, le couteau à la main et disparaît à son tour.
Assez vite, sa voix monte de l'eau : « tu aimes la daube de sanglier ? ».

Brett. Brett ?

 - Et Brett ? 

 - Il va bien, il a le sanglier dans la gueule, il ne veut pas le lâcher. Il l'a tué. Il est mort.

 

La tension retombe. Les chinois, surexcités dansent autour de moi et veulent retourner sur les lieux de la curée. Je n'ai pas de laisse pour eux. J'avertis Jacky que je remonte les chiens à la maison et que je reviens. Je rentre les 7 chiens et hors d'haleine, le coeur battant la chamade, je redescends au bord du ruisseau.

Jacky a réussi à sortir le sanglier de la gueule de Brett. Je crois que Brett ne l'aurait laissé à personne d'autre. Il aimait et respectait Jacky qui le lui rendait bien. Quand en Décembre dernier Jacky et moi avons enterré Brett, je l'ai vu pleurer à gros hoquets, presque plus que moi qui avais épuisé les larmes tout au long de la nuit.

Jacky m' a proposé de s'occuper du sanglier, de le peler et de le congeler chez lui car je n'avais plus de place dans mon congélateur. Brett l'a suivi jusque chez lui. Il a fallu que je le ramène à la maison en le tirant par sa laisse, il ne voulait pas laisser sa proie.

 

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Lui aussi était un bon gros nounours si gentil ….

Mais un redoutable prédateur quand même.

Quand plus tard, Colette a cuisiné le sanglier, elle m'a dit avoir eu un mal fou à en tirer des morceaux non abîmés, les os étaient broyés à plusieurs endroits. Elle a pu en tirer une daube et surtout plusieurs dizaines de pots de délicieuses rillettes et pâtés.

 

Il faut toujours se méfier du léo qui dort ….

 

 

See you later alligatorcroco_001.gif

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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commentaires

B
<br /> il faut toujours se méfier de l'eau qui dort ... mon frère a du être un léo dans une autre vie<br />
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N
<br /> Quel souvenir il t'a laissé là, Brett. Contente que tu aies pu le raconter, celà fait du bien, les souvenirs, bien que tu préfèrerais l'avoir encore. Bisous et bon dimanche<br />
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J
<br /> <br /> Oui, il me manque terriblement.<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Avec bientôt 8 ans de vie commune avec un léo, je suis certaine qu'ils ne dorment toujours que d'un oeil. Même fatiguée, Violette est encore capable de partir très vite à la chasse.....<br />
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J
<br /> <br /> Ca prouve qu'elle n'est pas si fatiguée que ça : Sasha et Roxanne ne partaient plus à la chasse derrrière les autres. Ils savaient qu'ils ne poouvaient plus. Donc Violette sait qu'elle ne va pas<br /> si mal que ça.<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> J'adore comme tu racontes l'histoire du Brettou chasseur !<br />
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J
<br /> <br /> Merci Marie. Comment va Athos ?<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> Tu sais bien raconter les histoires ... même si j'aurais ( j'eusse ???)  préféré que ça finisse bien pour le marcassin aussi  .. ( signé : une qui trouve que la daube de sanglier<br /> c'est pas si bon que ça  ) Bises F<br />
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J
<br /> <br /> La daube peut-être, mais les rillettes !!!!!<br /> <br /> <br /> <br />

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