Je pensais être passée à travers, et puis non. J'ai la grippe. La vraie de vraie, celle qui te fait sangloter convulsivement pendant une heure, de douleur, de froid, d'épuisement, inutilement recroquevillée à quelques centimètres du feu …
Parce qu'il faut que tu saches que, même si la bête est solide et qu'elle résiste plutôt bien à toutes sortes de douleurs, comme un coin sur le pied, d'innombrables migraines et depuis que je vis dans les Cévennes, des tendinites tout aussi innombrables,
je ne SUPPORTE PAS LA FIEVRE et les courbatures qu'elle occasionne.
Etant un animal à sang froid (« aie confiaaaaaaaaaaaaaaaaance …. »), ma température normale est en dessous de 36,5 °c, donc à 38° je suis une loque, à plus, je n'existe quasiment plus en tant qu'être humain.
Du coup, quand je suis malade, complètement mala-de, je deviens obsessionnelle et ai besoin de connaître ma température pour gérer le subtil équilibre entre : je ne fais rien pour pas contrarier mes petits anticorps au boulot et je me shoote pour ne pas tomber dans le coma hystérique (larmes, soubresauts, tordage de mains, rictus déformant) enfin le grand cinéma de la douleur qui dégénère et qu'on ne contient plus.
L'outil indispensable est alors le thermomètre : nous n'en avons pas qu'on se colle dans l'oreille et qui te donne ta température en parlant avec une voix de GPS. Nous n'en avons plus (perdu ? Cassé ?) qui bipe quand c'est fini et qui t'indique la température sur un affichage digital facile à lire. Nous n'avons que le bon vieux thermomètre à graduation, le même que j'avais quand j'étais petite, et je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans …
Mais j'ai mieux. Bien que très légèrement moins précis.
Tu te souviens que je dors toutes les nuits avec 4 chiens et 4 chats sur ou dans mon lit (ce qui explique une partie de mes tendinites, mais pas toutes). Les Chinois nus dorment sous la couette contre moi. L'hiver ils me tiennent lieu de bouillotte, d'ailleurs, avant de les bouffer, les moines tibétains s'en servaient aussi pour ça. Car tu n'es pas sans savoir que la température d'un chien est de 38,5 ° à peu près, et que n'ayant pas de poils, les chiens chinois nus, lorsqu'ils se collent à toi te passent leurs degrés supplémentaires selon le principe physique bien connu de l'échange thermique. En ce qui me concerne, c'est 2 degrés de bonus et c'est tout bon.
Je te fais montrer une photo du Chauve Bedonnant (qu'on aurait pu aussi appeler Gradudo) dormant avec Uby, parce que moi, y a personne pour me prendre en photo quand je dors avec mes Chinois, mais c'est pour illustrer mon propos. Deux petites différences séparent cette photo de ma réalité nocturne : une mineure, moi je dors sur le côté gauche, et une majeure, entre ma cage thoracique et mes hanches j'ai encore un creux qu'on appelle la taille.)
Tu vois à peu près où je veux en venir. Il y a trois cas de figure :
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soit mes Chinois me réchauffent et alors je peux en conclure que je n'ai pas ou peu de température
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soit j'ai du mal à faire la différence entre moi et eux dans une égalité thermique presque parfaite, et là ça commence à sentir mauvais j'ai entre 38 et 39
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soit ils me rafraîchissent délicieusement, et là, ça sent le roussi pour de bon, et il est temps de se ruer sur le Doliprane 1000 et l'Advil 400 avant le cataclysme.
Ca manque un peu de précision, mais ça évite de se mettre le thermomètre toutes les deux minutes là où je pense (en ce qui me concerne c'est sous l'aisselle), et ça permet de ne pas se tromper dans le périlleux calcul qui consiste à rajouter 7 dixièmes pour avoir la bonne température après avoir réussi à déchiffrer le nombre de départ sur les graduations.
Donc Baker et Uby sont dorénavant promus au grade de
thermomètres tactiles.
Et ils se la pètent !
Et comme, justement, ils commencent à me refroidir la main, je vais aller aider mes petits anticorps et prendre un advil ….
See you later alligator